Les tabous entourant la grossesse : oeuvrons pour les lever

La grossesse reste bien souvent entourée d’un halo de mystères et de non-dits. Pudeur ou préjugés font qu’il est encore tabou d’évoquer certains aspects ou réalités de la gestation. Pourtant, libérer la parole sur ces sujets contribuerait au bien-être des futures mamans. Tour d’horizon de ces tabous entourant la grossesse qu’il est temps de lever.

La libido et sexualité pendant la grossesse

La croyance veut qu’une femme enceinte, de par son ventre rond, ne soit plus un objet de désir pour son conjoint. Et qu’elle-même n’éprouve plus le besoin de rapports intimes une fois fécondée, sa mission reproductrice accomplie.

Des idées fausses, véhiculées depuis des générations ! Beaucoup de femmes enceintes ressentent au contraire une libido décuplée sous l’effet de la fluctuation hormonale. D’autres subissent une chute de désir, il est vrai. Mais dans tous les cas, le dialogue, la tendresse et la complicité du couple peuvent permettre de maintenir une sexualité épanouie, même adaptée au corps changeant de la future maman, qui rassurera les deux partenaires.

L’allaitement maternel hors normes

Autre dogme tenace : une femme doit allaiter, et ce jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Une conception très normative de l’allaitement qui induit culpabilité et détresse chez celles peinant à donner le sein.

Pourtant, de l’allaitement mixte à la lactation induite en passant par l’adoption, de multiples alternatives permettent de nourrir bébé avec amour. Chaque maman doit pouvoir choisir en toute sérénité la méthode lui correspondant, dictée par ses réalités physiques et psychologiques.
Jugement et injonctions sont à bannir : seule compte la sécurité affective et nutritionnelle du nourrisson.

La prise de poids “excessive”

Prendre 30 kg pendant sa grossesse est considéré comme honteux par beaucoup… Pourtant, à moins de souffrir de diabète gestationnel, une femme enceinte est vouée à grossir pour répondre aux besoins du bébé et subvenir aux transformations corporelles nécessaires au bon déroulement de la gestation.


Complexer une future mère sur ses rondeurs fluctuantes au gré des hormones ne ferait que nourrir culpabilité et troubles alimentaires néfastes pour elle et le fœtus. L’index de masse corporelle ne doit pas être un sujet anxiogène pendant la grossesse.

Ainsi, ouvrir le dialogue bienveillant sur ces quelques tabous serait salvateur pour de nombreuses mamans en devenir en quête de conseils éclairés. Aux tabous d’une autre époque, opposons la sororité et l’empathie !

La dépression prénatale, un sujet sensible

La grossesse s’accompagne souvent d’une grande fatigue physique et de chamboulements psychologiques. Mais lorsque cette mélancolie et ce désarroi persistent de façon continue, il peut s’agir de dépression prénatale. Un sujet encore minoré et stigmatisé.

Or, selon les études, cette déprime périnatale toucherait environ 15% des femmes enceintes. Causée par les fluctuations hormonales mais aussi le stress, l’anxiété face à ce nouveau rôle de mère, les doutes sur soi et sur le couple, la dépression prénatale peut s’avérer handicapante au quotidien.

Pourtant, par pudeur ou crainte d’être jugées, de nombreuses femmes taisent leurs idées noires à leur entourage et ne consultent pas. Pourtant, une prise en charge médicale et psychologique s’avère importante pour soulager la future maman et éviter que son blues ne se répercute sur le développement du bébé.

En brisant ce tabou tenace, nous pourrions déculpabiliser ces cas souffrants et les encourager à requérir l’aide de spécialistes. Il est primordial de normaliser et dédramatiser ce trouble mental transitoire lié à la grossesse.

Le congé paternité, parent pauvre des politiques natalistes

Autre sujet révélateur de tabous : le congé paternité. Très mal connu du grand public, il est peu revendiqué par les futurs papas… et pas franchement valorisé par le Code du travail français.

Pourtant, permettre au conjoint d’être présent aux côtés de la maman à la maternité puis lors des premières semaines à la maison facilite grandement l’accueil de bébé. Par sa participation aux soins et tâches domestiques, le jeune papa trouve plus naturellement sa place de parent. Et le couple renforce sa complicité.

Il est temps de mieux informer les pères de leurs droits en la matière ! Et de cesser de considérer ce congé paternité comme superflu sous prétexte que « c’est la mère qui accouche ». L’implication du père dès les premiers instants dans la cellule familiale ne devrait plus relever du tabou en 2022…

Ainsi, que ce soit par pudeur ou méconnaissance, certains sujets liés à la grossesse restent bien tabous dans notre société moderne. Pourtant, libérer la parole sur ces réalités, même dérangeantes, permettrait de rassurer et d’accompagner plus sereinement les futures mamans dans cette aventure déroutante qu’est la gestation. Alors, parlons-en !

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